Catastrophes naturelles, conséquences sociales

par Didier Epsztajn

Damien Millet, Eric Toussaint : Les tsunamis de la dette, CADTM & Éditions Syllepse, Paris 2005, 9 €.

Cet ouvrage revient sur les événements tragiques suite au tsunami décembre 2004.

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Il est nécessaire de comprendre que si les catastrophes sont " naturelles », leurs conséquences sont à mettre en rapport avec l'organisation concrète des sociétés. Les auteurs nous montrent comment les politiques imposées par le FMI et la Banque mondiale, ont fragilisé les sociétés, y compris dans les modifications des espaces géographiques " Les rivages protégés naturellement par les mangroves ou les récifs coralliens ont été nettement moins affectés par le tsunami que les régions qui en sont dépourvues » (page 148)

Les réactions de solidarité à travers le monde, l'aide ponctuelle, quelque fois inappropriée (cf. l'envoi de médicaments inutiles, qui de plus peut déstabiliser les industries pharmaceutiques locales et renforcer à terme les dépendances, page 58) ne doivent pas faire oublier que le montant des dons est sans commune mesure avec ceux de la dette. Celle-ci, non seulement n'a pas été abolie mais continue d'augmenter. Les moratoires accordés, qui ne dispensent pas du paiement des intérêts, pourraient se révéler encore plus coûteux à terme pour les populations.

Les auteurs nous montrent comment la mondialisation néolibérale est catalyseur de désastres écologiques, économiques et sociaux (chapitre 2). L'insertion des pays, touchés par le tsunami, dans la mondialisation capitaliste déforme les économies, appauvrit toujours plus ces pays (les transferts nets de capitaux se font au bénéfice des pays dominants) et fragilise la majorité des populations.

L'endettement et le service de la dette, la priorité mise sur l'exportation de matières premières agricoles et l'abandon des subventions aux produits de première nécessité (riz, eau, combustible, etc.) ont des conséquences profondes sur l'organisation sociale des sociétés.

" Le désengagement général de l'État se traduit au final par une sclérose, voire une suppression pure et simple, des organismes susceptibles de réduire les risques, d'alerter efficacement ou de répondre à l'urgence » (page 83)

Les auteurs complètent cet ouvrage par des analyses détaillées des évolutions de l'Indonésie, de l'Inde, du Sri Lanka et par des notices sur d'autres pays dits en voie de développement.

Le tsunami fait déjà parti du passé et de l'oubli, l'annulation totale de la dette reste une actualité brûlante.

 

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