L’intervention des militant·es de la IVe Internationale dans les élections européennes

par Antoine Larrache
Paris, le 24 juin 2022, à la Bellevilloise, meeting-débat à l'initiative du NPA, avec Aurélie Trouvé et Danielle Simonnet, députées de la NUPES, Peneloppe Duggan du NPA, Samir Alyes de "On s'en mêle" et Philippe Poutou. Meeting, Philippe Poutou, Aurelie Trouve, Danielle Simonnet, Samir Elyes. © Photothèque Rouge / JMB
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Bien que les élections européennes ne soient pas une préoccupation majeure pour les classes populaires, elles sont cette année d’une grande importance, en raison notamment de la poussée de l’extrême droite.

On peut comprendre qu’elles intéressent peu, notamment car le Parlement européen dispose de peu de pouvoirs. Mais elles influenceront cependant les rapports de force politiques entre les partis, dans le cadre de la crise politique actuelle. À cette heure, 68 % des électeurs pensent aller voter – 9 points de plus qu’en 2019 –, ce qui n’est pas négligeable, même si les écarts sont importants d’un pays à l’autre. Hélas, la grande gagnante de cette séquence sera sans nul doute l’extrême droite, tandis que la gauche est disloquée. Nous présentons la position de nos camarades dans quelques pays, en complément de l’article sur la campagne menée par la GA en Belgique.

En France, l’extrême droite atteindrait 35 à 40 %, suivie du parti de Macron, Renaissance. La gauche est très divisée, puisque le PS, les Écologistes, le Parti communiste et La France insoumise se présentent. L’extrême gauche est émiettée également, entre Lutte ouvrière, le Parti des travailleurs et la scission minoritaire du NPA, NPA-Révolutionnaires. La majorité du NPA, le NPA-L’Anticapitaliste, a proposé une alliance à LFI, afin de contenir l’extrême droite et de l’aider à ne pas être dépassée par la gauche la plus institutionnelle, celle du PS. Cette alliance ayant été refusée, le NPA-L’Anticapitaliste appelle néanmoins à voter pour LFI tout en exprimant ses propres orientations sur les élections européennes et les questions internationales. 1

Dans l’État espagnol, la section de l’Internationale, Anticapitalistas, a proposé une alliance à la Candidature d’unité populaire (CUP), une organisation catalane indépendantiste de la gauche radicale. L’objectif était de construire un pôle à gauche des organisations qui ont participé au gouvernement social-démocrate, le PSOE bien sûr, mais aussi Podemos et Sumar qui, bien qu’ayant rompu avec le gouvernement dans les derniers mois, assument une grande partie de sa politique. La CUP ayant renoncé à se présenter aux élections, nos camarades ne participeront pas à ce scrutin.

Au Portugal, le Bloc de gauche a participé aux élections générales du 10 mars, suite à la démission du gouvernement du Parti socialiste2  pour y défendre une orientation indépendante. Il se présentera également aux élections européennes, en lien avec l’Alliance rouge verte du Danemark et d’autres forces de la gauche radicale. Les militant·es de la IVe Internationale militent majoritairement au sein du Bloco.

En Grèce, un des enjeux de l’élection est le score de la droite au gouvernement, la Nouvelle démocratie de Mitsotakis, sur fond d’appauvrissement de la population et de droitisation de la ND. Hélas, un recul de la ND profiterait probablement à l’extrême droite de Elliniki Lyssi (Solution grecque). À gauche se présentent Syriza, désormais ouvertement libérale et pro-UE, et le Pasok, qui tente de se refaire une santé après des années de collaboration avec la ND. Du côté des réformistes, c’est l’éclatement : Nea Aristera a été constituée par des cadres de Syriza resté·es sur la vieille ligne de gauche. Le KKE est la principale des forces qui dénoncent l’UE et l’OTAN (sans un mot contre l’agression impérialiste de Poutine). MERA a été fondée autour de Varoufakis. Elle est soutenue par l’Unité Populaire (LAE), l’ancienne aile gauche de Syriza. Dans la gauche radicale, c’est également la division qui domine : Anametrissi (dans laquelle militent les camarades de Tendance programmatique Quatrième internationale, TPT, un des deux groupes de l’Internationale, avec l’OKDE-Spartakos) a tenté de construire une liste unitaire de la gauche radicale, comme réponse à l’urgence sociale et antifasciste. Mais cette tentative a été mise en échec par le sectarisme du KKE et la situation d’Antarsya, qui se recroqueville et se divise, ainsi que par le cours hégémoniste de Varoufakis.

En Suède, la section de l’Internationale, Socialistisk Politik appelle à voter pour le Vänsterpartiet (le Parti de Gauche) aux élections européennes. De nombreux membres de Socialistisk Politik sont activement impliqués dans le Parti de Gauche. Celui-ci détient actuellement un siège au Parlement européen. Les camarades mettent en avant la nécessité pour la gauche d’être unie dans et en dehors des élections et des parlements, pour construire un rapport de force. Sous le slogan « l’alternative, c’est une Europe rouge », ils et elles mettent en avant les nécessités internationales et internationalistes de la campagne, sur les politiques libérales, la crise climatique, l’énergie, les marchés financiers, la production alimentaire, les migrant·es.

28 avril 2024

  • 1Lire à ce propos le dossier d’avril de la revue L’Anticapitaliste.
  • 2 “une référence politique” », par Jorge Costa.